Je m’appelle Anne-Claire Servant et me lance dans la grande aventure des céramistes.
Pendant plusieurs années, j’ai apprivoisé la forme au travers de mes études de Design de Produit avec un lien indissociable entre la matière et le faire. J’ai effectué mon mémoire de recherches sur le potentiel miraculeux de la main et, le design manuel qui en découle. Ces réflexions ont porté le design en auto-production au centre de mon travail. La terre s’y est présentée comme un médium de choix pour mes expérimentations. Son contact et sa rapidité de mise en volume, m’ont procuré un réel plaisir.
C’est lors de mon voyage au Japon que j’ai eu la révélation de devenir céramiste. La préciosité du geste, mêlée à un état d’être, et à un art de vivre m’ont passionnée. J’ai alors intégré la formation Créamik de Matthieu Lievois dans le Morbihan à deux pas de la
mer. C’est dans ce cadre idyllique, bienveillant et inspirant que j’ai acquis une réelle maitrise de tournage ainsi qu’un goût passionné pour la recherche d’émaux.
Comme une évidence, j’ai installé mon atelier pour me consacrer entièrement à la création d’objets de la sphère quotidienne.
Chaque pièce est fabriquée par la main, principalement avec la technique du tournage et modelage. Geste après geste la main amène un supplément d’âme à l’objet, une personnalité permettant de créer un lien privilégié avec son usager.
Comme Gepetto avec ses marionnettes en bois, je crée avec passion chacune des pièces qui, sorties de l’atelier, deviendront de vraies partenaires de vie.
Jean Girel écrit dans La sagesse du Potier ;
« J’ai choisi la céramique comme instrument de découverte de la réalité.
Et comme je suis fasciné par cette découverte, émerveillé par la vérité j’essaye de
donner une forme communicable de cet émerveillement.»
Au service du Punctum,
Roland Barthes nomme le Punctum dans son livre La Chambre Claire où il évoque le génie propre de la photographie. Le Punctum est la piqure, le petit trou, le grain sable, le mouvement du hasard, le coup de dès en latin. C’est aussi la virgule dans le titre du livre Pierre, de Christian Bobin.
Le Punctum est au centre de mon travail. Je mets tout en oeuvre pour que l’objet par son essence, éveille l’émotion chez la personne qui rentre à son contact. Pour cela je mets un accent particulier aux détails, aux mouvements, à l’accroche de la lumière.
Cette lumière qui se crée par la texture, la couleur ou la forme. Puis, le merveilleux agit.
Le Punctum se vit, se ressent, il émane de l’objet, c’est ce quelque chose qui nous touche sans crier garde.
Alors l’objet aussi vivant que curieux dans son imperfection devient vecteur d’expérience.
Andrea Branzi écrit « Les objets qui sont dans la maison autour de l’homme, ne sont jamais des instruments complètement fonctionnels, mais doivent être compris comme des présences amicales, des portes-bonheur. »